Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxxi
SIXIÈME ENNÉADE, LIVRE II.


rapproche de l’Un : car ce qui se tourne vers l’Un absolu est l’Être un ; ce qui est inférieur est l’Être un et multiple. L’unité dans l’Être est indivisible et simple ; mais chaque être, chaque genre est multiple aussi bien qu’il est un. L’unité peut donc se trouver dans l’Être, comme le point dans la ligne en qualité de principe, mais elle n’est pas un genre. D’ailleurs, tout genre renferme des différences qui engendrent des espèces ; or l’unité n’a ni différences ni espèces. Enfin, la réalité de l’être et l’unité ne se trouvent pas au même degré dans les choses sensibles et dans les choses intelligibles. Elles n’y sont pas non plus toujours en raison directe l’une de l’autre, tandis que l’unité est toujours en raison directe de la bonté. Tout ce qui participe de l’Un absolu participe du Bien au même degré. L’Un absolu est en effet le principe dont tout sort, la fin à laquelle tout aspire ; par conséquent, il est le Bien de l’univers.

Donc l’unité est une chose distincte de l’Être, et elle ne peut former un genre.

(XIII) La Quantité n’est pas un genre premier. D’abord, le nombre est postérieur à l’Être, au Mouvement, etc. Ensuite, l’étendue est postérieure elle-même au nombre. En cherchant à quoi on doit rapporter la quantité discrète (le nombre) et la quantité continue, on trouve que le nombre consiste dans un certain mélange du mouvement et du repos, que l’étendue est produite par le mouvement qui, en s’avancent à l’infini, est arrêté et limité par le repos.

(XIV-XV) La Qualité n’est pas un genre premier. Elle est postérieure à l’essence et par conséquent lui est subordonnée comme espèce. Les propriétés constitutives de l’essence en sont de véritables actes, quoiqu’on les nomme improprement qualités. Les propriétés qui sont postérieures à l’essence et qui lui viennent du dehors sont des modifications passives et méritent seules le nom de qualités. D’après cette définition, le Mouvement, la Stabilité, l’Identité et la Différence sont des principes constitutifs et non des qualités de l’Être. Ce n’est qu’en descendant de l’Être premier aux choses sensibles qu’on rencontre la qualité et la quantité ; elles sont alors des genres, mais non des genres premiers.

(XVI) La Relation, le Lieu, le Temps, la Situation, la Possession, la Passion et l’Action ne sont pas des genres premiers : car ces catégories indiquent des choses relatives et contingentes.

(XVII) Le Bien n’est pas un genre premier. Si, par ce mot, on entend le Bien même, ce principe est supérieur à l’Essence, par conséquent aux genres de l’Être. Si l’on entend la Bonté, c’est une qualité. Les choses la possèdent à divers degrés parce qu’elles procèdent toutes de l’Un. Ainsi, le bien de l’Être premier consiste dans l’acte par lequel il aspire naturellement à l’Un, acte qui est sa vie et son mouvement.

(XVIII) La Beauté, la Science, l’Intelligence, la Vertu, se ramènent aux cinq genres premiers que nous ayons déjà reconnus.

(XIX) Il reste à déterminer le rapport de chacun des cinq genres premiers aux espèces qu’ils contiennent. Pour y parvenir, il faut étudier l’intelligence, parce qu’elle comprend tous les êtres.

(XX) Considérée en elle-même et dans son essence, l’Intelligence universelle est en acte toutes les intelligences ensemble, et en puissance chacune d’elles prise séparément. Au contraire, celles-ci sont en acte des intelligences