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SIXIÈME ENNÉADE.

considéré que dans les choses, aurait-il encore une existence substantielle ? — Qui empêche, dira-t-on peut-être, que, bien que l’on considère le blanc dans les choses, le blanc n’ait cependant une existence substantielle ? On considère le Mouvement dans l’Être, et le Mouvement n’en a pas moins une existence substantielle dans l’Être. — Il n’en est pas du Nombre comme du Mouvement : car nous avons démontré que le Mouvement considéré ainsi en soi est quelque chose d’un[1]. D’ailleurs, si l’on n’attribue au Nombre qu’une pareille existence, il cesse d’être une essence pour devenir un accident, et encore n’est-il pas un pur accident : car ce qui est accident doit être quelque chose avant d’être l’accident d’une substance ; tout en étant inséparable, il a par soi sa nature propre, comme la blancheur, et avant d’être affirmé d’une autre chose, il est déjà ce qu’il est affirmé. Par conséquent, si l’un est dans chaque être, un homme n’est pas la même chose qu’homme ; si l’un est autre chose que l’homme[2] et que chacun des autres êtres, s’il est quelque chose de commun à tous les êtres, l’un doit être antérieur à l’homme et à chacun des autres êtres, afin que l’homme et chacun des autres êtres puisse être un. L’un est donc antérieur au Mouvement, puisque le Mouvement est un, et pareillement à l’Être, afin que l’Être soit également un : je ne parle pas ici de l’Un absolu que nous reconnaissons supérieur à l’Être, mais de l’un qui est affirmé de chaque forme intelligible. De même, au-dessus de ce dont la décade est affirmée existe la décade en soi (αὐτοδεϰάς (autodekas)) : car ce dans quoi on aperçoit la décade ne saurait être la décade en soi.

L’un est-il donc inhérent aux êtres et subsiste-t-il avec eux ? S’il est inhérent aux êtres ou s’il en est un accident, comme la santé est un accident de l’homme, il doit être quelque chose par lui-même [comme l’est la santé]. Si l’un est un

  1. Voy. ci-dessus, liv. II, § 7, p. 215.
  2. Voy. ci-dessus le commencement du § 5, p. 370.