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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/464

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LIVRE SIXIÈME.

d’autres figures qui sont les analogues des figures Intelligibles.

Mais les figures sont-elles dans l’Animal en tant qu’Animal, ou bien, si l’on ne peut douter qu’elles subsistent dans l’Animal, existent-elles antérieurement dans l’Intelligence ? — Si l’Animal contenait l’intelligence, les figures seraient au premier degré dans l’Animal. Mais comme c’est l’Intelligence qui contient l’Animal, elles sont au premier degré dans l’Intelligence. D’ailleurs, comme les âmes sont contenues dans l’Animal parfait, c’est une raison de plus pour que l’Intelligence soit antérieure. — Mais Platon dit : « L’Intelligence voit les idées comprises dans l’Animal parfait[1]. » Or, si elle voit les Idées comprises dans l’Animal parfait, elle doit lui être postérieure. — Par les mots : elle voit, on peut entendre que l’existence de l’Animal même est réalisée dans cette vision[2]. En effet, l’Intelligence qui voit n’est pas une chose différente de l’Animal qui est vu ; mais [dans l’Intelligence] toutes choses ne font qu’un. Seulement la Pensée a une sphère pure et simple, tandis que l’Animal a une sphère animée[3].

XVIII. Ainsi, dans le monde intelligible, tout nombre est fini. Mais nous pouvons concevoir un nombre plus grand que tout nombre donné, et c’est de cette manière que l’infini naît dans notre esprit, quand il considère les nombres. Dans le monde intelligible, au contraire, il est impossible de concevoir un nombre plus grand que le Nombre

  1. Nous avons déjà cité le texte grec de ce passage du Timée dans le t. II, p. 238, note 2.
  2. Voy. Enn. III, liv. IX, § 1 ; t. II, p. 239.
  3. Plotin paraît faire ici allusion aux vers suivants de Parménide : « Or l’Être possède la perfection suprême, étant semblable à une sphère entièrement ronde, qui du centre à la circonférence serait partout égale et pareille : car il ne peut y avoir dans l’Être une partie plus forte ni une partie plus faible que l’autre. » (Vers cités par Platon, Sophiste, p. 244, éd. H. Étienne, et par plusieurs autres philosophes.)