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SIXIÈME ENNÉADE.

jouir de la présence de l’âme ; cependant il en paraît privé parce qu’il ne manifeste pas de sensibilité, qu’il n’oppose aucune résistance, que par sa fluidité il se sépare facilement de l’âme qui le vivifie, comme cela arrive aux trois éléments dont nous avons déjà parlé. Aussi les animaux formés de l’air condensé ont-ils pour nature de sentir sans pâtir[1]. Comme la lumière qui est fixe et permanente pénètre l’air tant qu’il est lui-même permanent, l’Âme aussi pénètre[2] l’atmosphère qui l’entoure sans y être absorbée. Il en est de même pour les éléments autres que l’air.

XII. Nous le répétons donc : puisque nous admettons que notre univers a pour modèle le monde intelligible, nous devons à plus forte raison reconnaître que celui-ci est l’Animal universel qui, ayant une essence parfaite, est toutes choses ; par conséquent, dans le monde intelligible, le Ciel aussi est un être animé, et n’est pas privé de ce qu’on nomme ici-bas des astres ; c’est même là ce qui constitue son essence. Là-haut, la terre n’est pas non plus une chose morte ; elle est vivante : elle contient tous les animaux qui marchent sur le sol et qu’on nomme terrestres, ainsi que les végétaux qui ont la vie pour fondement. Là-haut existent aussi la mer et l’eau à l’état universel, ayant pour essence une fluidité et une vie permanentes, contenant tous animaux qui vivent dans l’eau. L’air fait également partie du monde intelligible, avec les animaux qui habitent l’air et qui ont là-haut une nature en harmonie avec la sienne. Comment se pourrait-il que les choses contenues dans un être vivant ne fussent pas elles-mêmes vivantes ? Aussi le sont-elles même ici-bas. Pourquoi tous les ani-

    entier ; c’est en lui que tous les membres puisent de quoi remplir le vide formé par la fuite des parties qui en sortent, etc. » (Platon, Timée, p. 80 ; trad. de M. H. Martin, p. 215.)

  1. Voy. Enn. IV, liv. III, § 18 ; t. II, p. 300, et note 3.
  2. Nous lisons avec Kirchhoff : πάρεισι ϰαὶ τὴν ψυχήν (pareisi kai tên psuchên), au lieu de πάρεστι (paresti), qui ne peut se construire.