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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/496

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LIVRE SEPTIÈME.

maux n’existeraient-ils pas nécessairement dans le monde intelligible ? La nature des grandes parties de ce monde détermine en effet de toute nécessité la nature des animaux que ces parties renferment. Ainsi de l’existence et de la nature du monde intelligible résultent l’existence et la nature de tous les êtres qui s’y trouvent contenus. Ces choses s’impliquent l’une l’autre. Demander pourquoi existent les animaux renfermés dans le monde intelligible, c’est demander pourquoi existe ce monde lui-même, c’est demander pourquoi existe l’Animal universel, ou, ce qui revient au même, pourquoi existent la Vie universelle, l’Âme universelle, l’Intelligence universelle, dans lesquelles on ne trouve nul défaut, nulle imperfection, dans lesquelles déborde partout la plénitude de la vie.

Toutes ces choses découlent d’une seule et même source : ce n’est ni un souffle, ni une chaleur unique ; c’est plutôt une qualité unique, qui renferme et conserve en soi toutes les qualités, la douceur des parfums les plus suaves, la saveur du vin et des sucs les plus fins, l’éclat des plus vives couleurs, la mollesse des objets qui chatouillent le toucher avec le plus de délicatesse, le rhythme et l’harmonie de toutes les espèces de sons qui peuvent charmer les oreilles.

XIII. Ni l’Intelligence, ni l’Âme qui procède d’elle ne sont une essence simple ; toutes les deux renferment l’universalité des choses avec leur variété infinie, en tant que celles-ci sont simples, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas composées, qu’elles sont principes et actes : car, dans le monde intelligible, l’acte de ce qui occupe le dernier rang est simple ; l’acte de ce qui occupe le premier rang est universel. L’Intelligence, dans son mouvement uniforme, se porte toujours sur des choses semblables et identiques cependant, chacune d’elles est identique et une sans être une partie ; elle est au contraire universelle, parce que ce qui est partie dans le monde intelligible n’est pas une simple unité, mais une unité divisible à l’infini. Dans ce mouvement, l’Intelligence