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SIXIÈME ENNÉADE.

en effet qu’elle a considéré l’Un, elle a été déterminée par lui, elle a reçu de lui sa détermination, sa limite, sa forme. La forme se trouve dans ce qui reçoit ; Celui qui donne n’en a pas lui-même. Cette détermination n’a pas été imposée du dehors à l’Intelligence comme cela a lieu pour la limite imposée à une grandeur ; c’est la détermination propre à cette Vie, qui est universelle, multiple et infinie, parce qu’elle a rayonné de la nature suprême : cette Vie n’était pas encore la vie de tel ou tel principe ; sinon, elle aurait été déterminée comme vie individuelle. Cependant elle a été déterminée, et en vertu de cette détermination elle est la vie d’une unité multiple. Chacune des choses qui constituent sa multiplicité a été également déterminée. En effet, la Vie a été déterminée comme multiplicité d’essences à cause de sa propre multiplicité ; comme unité, à cause de la détermination même qu’elle a reçue. Qu’est-ce qui a été déterminé comme unité ? L’Intelligence, parce qu’elle est la vie déterminée. Qu’est-ce qui a été déterminé comme multiplicité ? La multiplicité des intelligences. Tout est ainsi intelligence : seulement, l’Intelligence qui est une est universelle ; les intelligences qui forment multiplicité sont individuelles.

Si l’Intelligence universelle comprend toutes les intelligences individuelles, s’ensuit-il que chacune de ces dernières soit identique aux autres ? — Non : car alors il n’y en aurait qu’une seule. La multiplicité des intelligences implique donc une différence entre elles[1]. — Mais comment chacune diffère-t-elle des autres ? — Elle en diffère en cela même qu’elle est une : car il n’y a point identité entre l’Intelligence universelle et une intelligence particulière quelconque. Ainsi, dans l’Intelligence, la vie est puissance universelle ; l’intuition qui en émane est la puissance de toutes choses ; enfin l’Intelligence elle-même, quand elle est formée, nous manifeste toutes ces choses. Au sommet des

  1. Voy. Enn. IV, liv. VIII, § 3 ; t. II, p. 482.