Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xlii
SOMMAIRES.


nombrés ; en tant qu’ils sont au-dessous d’eux, ils mesurent les autres choses, ils servent à nombrer et les nombres et les choses qui peuvent être nombrées.

(XVI) Le nombre employé par l’homme qui considère les objets sensibles et qui nombre appartient au genre de la quantité. Mais si l’on considère deux substances qui sont deux, et dont chacune est une, comme ici l’unité se trouve en deux choses avec ce caractère qu’elle complète l’essence de chacune d’elles, le nombre deux est un nombre essentiel. C’est ainsi que notre âme est un nombre et une harmonie, parce que l’essence de notre âme participe du nombre et de l’harmonie, comme le dit Platon.

(XVII) Le caractère de l’infinité ne convient pas au nombre. Dire que le nombre est infini, c’est exprimer seulement la possibilité de concevoir un nombre plus grand qu’un nombre donné. De même, une ligne infinie n’est à proprement parler qu’une ligne indéfinie ; elle a pour principe l’unité, puisqu’elle est décrite par un point et qu’elle n’a qu’une seule dimension. Si l’on dit que la ligne intelligible est infinie, c’est en ce sens que la conception d’une limite n’est pas impliquée dans son essence : car, de même que les nombres, les figures sont pensées par l’Intelligence divine avant d’être réalisées dans les choses sensibles.

(XVIII) Ainsi, le nombre qui existe substantiellement dans l’Intelligence divine comprend tous les nombres qui existent ; par conséquent, il est infini réellement par sa puissance, en ce sens qu’il n’est pas mesuré ; mais en même temps il est parfaitement déterminé puisqu’il sert de mesure à tout le reste. Il participe donc à toutes les perfections de l’Être universel, de l’Intelligence divine et de l’Animal premier.


LIVRE SEPTIÈME.
DE LA MULTITUDE DES IDÉES. — DU BIEN..

Des Idées. — (I) Quand l’homme crée, il a besoin de l’expérience et du raisonnement. Il ne saurait en être de même de l’Intelligence divine ; elle a dû former le monde en embrassant dans un seul acte d’intuition l’ensemble et les détails. Tout en disposant les choses de manière à satisfaire la sagesse acquise par le raisonnement et la prévision fondée sur l’expérience, elle n’a pas ces deux qualités, qui impliquent une certaine imperfection. Étant parfait, Dieu n’a qu’un seul dessein présent à sa pensée. Étant universel, il contient tout ; par conséquent, le passé, le présent, le futur lui sont également présents et n’offrent en lui qu’une simple distinction d’ordre, non de temps.

(II) Dans les choses sensibles, la raison d’être est séparée de l’essence ; mais, dans les choses intelligibles, elles sont identiques : car chaque forme porte en elle-même la cause de son existence. L’Intelligence divine qui possède