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LIVRE HUITIÈME.
DE LA LIBERTÉ ET DE LA VOLONTÉ DE L'UN[1].


I. Devons-nous rechercher si les dieux eux-mêmes possèdent la liberté, ou la question de la liberté ne regarde-t-elle que l’homme, à cause de sa faiblesse et de ses incertitudes, tandis que les dieux possèdent la toute-puissance et que leur liberté n’est pas bornée à telle ou telle chose, mais est absolue ? Ne faut-il pas cependant reconnaître que l’Un possède seul la toute-puissance (ἡ δύναμις πᾶσα) et la liberté absolue (τὸ έπ’ αὐτῷ πάντα), tandis que, dans les autres êtres, ces choses sont, ou chacune séparément, ou toutes deux ensemble, d’une nature fort différente ? Voilà encore une question qu’il faut examiner. Ayons donc

  1. Ce livre comprend deux parties : 1° De la Liberté et de la Volonté dans l’âme et l’intelligence, § 1-7 ; 2° De la Liberté et de la Volonté dans l’Un, § 8-21. C’est là que Plotin expose les plus hautes théories de sa Métaphysique, théories que Steinhart résume judicieusement en ces termes : « Quæstiones illas, quas Socratici primi excitaverant, Aristoleles accuratissime tractaverat, de Libertate arbitrii et Voluntate, Plotinus accuratissime persecutus est ; vidit enim, Aristotelis vestigiis insistens, non idem esse arbitrium et voluntatem, et intellexit tandem veram voluntatis libertatem non in arbitrio vel boni vel mali eligendi ponendam esse, sed illum demum liberum esse, qui malis omnibus affectibus et studiis ita purgatus sit, ut uihii nisi bonum appetere possit ; hanc esse Dei, hanc æternæ ejus mentis libertatem, quam siquis, ut vulgus hominum facere solet, cum arbitrio quidvis faciendi confundat, » eum in Deo malum esse opinari. » (Meletemata plotiniana, p. 30.) Pour les autres Remarques générales, Voy. les Éclaircissements sur ce livre à la fin du volume.