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SIXIÈME ENNÉADE.

du second ordre ; n’attribuez pas non plus à celles du second ordre [à l’Intelligence] ce qui appartient à celles du troisième [à l’Âme] ; mais rapportez au Premier principe les choses du second ordre, et au second principe les choses du troisième ordre. C’est le vrai moyen de laisser chaque être garder sa nature, et de marquer en même temps le lien qui unit les choses inférieures aux choses supérieures, en montrant que les choses inférieures dépendent des supérieures, tandis que les supérieures demeurent en elles-mêmes. Voilà pourquoi Platon a eu raison de dire : « Toutes choses sont autour du Roi de tout et existent à cause de lui[1] ; toutes choses, c’est-à-dire : tous les êtres ; toutes choses existent à cause de lui, c’est-à-dire : il est la cause de leur existence et l’objet de leur désir parce qu’il est d’une autre nature qu’elles, qu’il n’a en lui rien de ce qui se trouve en elles, puisqu’elles ne sauraient exister si le Premier possédait quelque attribut de ce qui lui est inférieur. Donc, si l’Intelligence est comprise dans ce qui est appelé toutes choses, elle ne saurait appartenir au Premier. Quand Platon appelle Dieu la cause de toute beauté[2], il paraît placer le Beau dans les Idées, et le Bien au-dessus du Beau universel[3]. Après avoir ainsi assigné le second rang aux Intelligibles, il fait dépendre de ceux-ci les choses du troisième ordre, qui ne viennent qu’après eux. Enfin, à ce qui occupe le troisième rang, à l’Âme universelle, il rapporte le monde qui en naît. Comme l’Âme dépend de l’Intelligence, et que l’Intelligence dépend du Bien, toutes choses dépendent ainsi du Bien à des degrés divers, immédiatement ou médiatement. À cet égard, les choses les plus éloignées du Bien sont les choses sensibles, lesquelles se rapportent à l’Âme.

  1. Voy. le passage de Platon cité ci-dessus, p. 18, note 1. Ce passage est longuement commenté par Proclus, Théologie selon Platon, II, 4, p. 103.
  2. Voy. ibid.
  3. Voy. Enn. I, liv. VI, fin.