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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/575

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SIXIÈME ENNÉADE.

point sans en parler, et ne pas pousser plus loin nos recherches. Que chercher en effet quand on ne peut aller au-delà, puisque toute recherche doit conduire à un principe et s’y arrêter. En outre, toutes les questions se rapportent à l’essence (τὸ τί ἐστι (to ti esti)), à la qualité (τὸ οἶον (to oion)), à la cause (διὰ τί (dia ti)) ou à l’existence (τὸ εἶναι (to einai)). Que le Premier existe, dans le sens où nous disons qu’il existe, nous le voyons par les êtres qui sont après lui ; mais demander la cause de son existence, c’est chercher un autre principe, et le Principe de toutes choses ne peut avoir lui-même de principe ; demander en outre quelle qualité il a, c’est chercher quel accident se trouve dans Celui en qui rien n’est accidentel ; enfin, en demandant quelle est l’essence du Premier, on voit plus clairement encore qu’il n’y a nulle recherche à faire sur lui, qu’il faut seulement le saisir comme on peut, en apprenant à ne rien lui attribuer[1].

    his enim rebus recte intelligitur, in quibus subjectis sunt ea quæ in aliquo subjecto esse dicuntur, sicut color aut forma in corpore. Corpus enim existit, et ideo substantia est ; illa vero in subsistente atque subjecto corpore, quæ non substantiæ sunt, sed in substantia ; et ideo, si esse desinat vel ille color vel illa forma, non adimunt corpori esse corpus, quia non hoc ei est esse quod illam vel illam formam coloremve retinere. Res ergo mutabiles neque simplices proprie dicuntur substantiœ. Deus autem si subsistit ut substantia proprie dici possit, inest in eo aliquid tanquam in subjecto, et non est simplex, cui hoc sit esse quod illi est quidquid aliud de illo ad illum dicitur, sicut magnus, omnipotens, bonus, et si quid hujusmodi de Deo non incongrue dicitur. Nefas est autem dicere ut subsistat et subsit Deus bonitati suæ, atque illa bonitas non substantia sit vel polius essentia, neque ipse Deus sit bonitas sua, sed in illo sit tanquam in subjecto. Unde manifestum est Deum abusive substantiam vocari, ut nomine usitatiore intelligatur essentia, quod vere ac proprie dicitur ; ita ut fortasse solum Deum dici oporteat essentiam. » (De Trinitate, VII, 6.) Ce passage de notre auteur est cité et commenté par le P. Thomassin (Dogmata theologica, t. I, p. 214.)

  1. Kirchhoff lit : εἰ δύνατον αὐτοῖς, λαϐόντας ἑν νῷ μηδὲν αὐτῷ θεμιτὸν (ei dunaton autois, labontas hen nô mêden autô themiton)