Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/578

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
517
LIVRE HUITIÈME.


pas d’essence. S’il y a donc en lui quelque acte, si nous le faisons consister dans l’acte, il ne renfermera cependant en lui-même aucune différence, il sera maître de lui-même qui produit l’acte, parce que lui-même et l’acte ne font qu’un. Mais si nous ne reconnaissons absolument point d’acte en Dieu, si nous n’attribuons d’acte qu’aux choses qui tendent vers lui et en tiennent leur existence, nous devrons encore bien moins reconnaître en lui quelque chose qui soit maître et qui maîtrise. Nous ne dirons même pas qu’il est maître de soi, non qu’il ait un maître, mais parce que nous avons déjà attribué à l’Essence ce qu’on nomme être maître de soi ; nous plaçons donc Dieu dans un rang encore plus élevé. — Mais comment y a-t-il un principe plus élevé que celui qui est maître de soi ? — C’est que, dans le principe qui est maître de soi, l’essence et l’acte étant deux choses, l’acte donne la notion de ce qu’on appelle être maître de soi ; or l’acte était identique à l’essence ; il a donc fallu qu’il se rendît distinct de l’essence pour être appelé maître de soi. Mais Celui qui n’est pas ainsi deux choses ramenées à l’unité, qui est absolument un (car il n’est qu’acte, ou plutôt il n’est pas du tout acte), ne saurait être appelé maître de soi.

XIII. Quoique les expressions que nous venons d’employer ne soient pas convenables quand il s’agit de Dieu, nous sommes cependant obligés de nous en servir pour le sujet que nous traitons. Répétons donc qu’il a été dit avec raison qu’il ne faut pas admettre en Dieu de dualité, même purement logique. Cependant, pour nous faire mieux comprendre, nous allons ici mettre un moment de côté la sévérité de langage qu’exige la raison.

Supposons donc qu’il y ait des actes en Dieu, que ces actes dépendent de sa volonté (car il ne saurait agir involontairement), et qu’en même temps ils constituent son essence : en ce cas, sa volonté et son essence ne font qu’un. Tel il a voulu être, tel il est. On ne dira donc pas qu’il veut