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SIXIÈME ENNÉADE.

qu’elle tient d’être Intelligence. Elle ressemble à un cercle qui, touchant son centre par toute sa circonférence, devrait manifestement toute sa puissance à ce centre, et serait en quelque sorte centriforme (ϰεντροειδής (kentroeidês)). S’unissant ainsi dans un centre unique, les rayons d’un pareil cercle ont l’extrémité par laquelle ils touchent au centre semblable à ce à quoi ils aboutissent et dont ils sortent ; mais ce centre est supérieur [en simplicité] aux rayons et aux extrémités qui en sont les points. Ces extrémités, bien qu’elles soient telles que le centre, n’en sont cependant que de faibles vestiges : car celui-ci contient dans sa puissance les extrémités des rayons et les rayons mêmes ; il est présent partout dans ces rayons, il y manifeste sa nature, il y est développé sans cependant être développé. C’est de cette manière que l’Intelligence, avec l’Être, est née de Lui, comme une sorte d’effusion et de développement ; et, en demeurant suspendue à la nature intellectuelle de l’Un, elle atteste par là qu’il y a en lui une sorte d’intelligence, laquelle n’est pas proprement intelligence, puisqu’il est l’Un absolu. Comme le centre, sans être ni les rayons ni le cercle, est cependant le père du cercle et des rayons (car il donne des vestiges de sa nature, et, en vertu d’une puissance immanente, il engendre par une force propre le cercle et les rayons qui ne se séparent point de lui[1]) ; de même, l’Un est l’archétype de la puissance intellectuelle qui se meut autour de lui et qui est son image : car il y a dans l’Un une espèce d’intelligence qui, se mouvant pour ainsi dire dans tous les sens et de toutes les manières, devient par là l’Intelligence ; tandis que l’Un, demeurant au-dessus de l’Intelligence, l’engendre par sa puissance[2]. Comment la fortune,

    auquel sont suspendus le ciel et toute la nature. » (Métaphysique, liv. XII, chap. 7.) Voy. notre tome II, p. 450-451.

  1. Sur cette comparaison, Voy. notre tome II, p. 225, note 1.
  2. Le texte de cette phrase est fort corrompu dans l’édition de Creuzer, qui ne s’est pas donné la peine de corriger les fautes des