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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


(t. III, p. 74, 117, 137, 142). De là vient que dans la pensée, νόησις (noêsis), la forme qui est l’objet de la pensée, εἶδος, μορφή (eidos, morphê), et l’idée, ἴδεα (idea), sont une seule et même chose (t. III, p. 141-142). Les idées sont conçues toutes à la fois par l’Intelligence, et cependant elles sont distinctes comme les diverses notions qui forment une seule science (t. III, p. 375, 546). — 2° Par rapport au monde sensible, les idées sont à la fois des essences et des puissances (t. III, p. 123) : comme essences, elles sont les modèles, παραδείγματα (paradeigmata), les archétypes, ἀρχέτυπα (archetupa), les formes intelligibles des choses, εἶδη, μορφαί (eidê, morphai) (t. III, p, 119, 121, 137, 141-142) ; comme puissances, elles contiennent la raison d’être des choses (t. III, p. 410-426), elles sont les formes premières et créatrices, πρῶτα τὰ ποιοῦτα (prôta ta poiouta) (t. III, p. 49), les raisons, λόγοι (logoi), que l’Intelligence transmet à l’Âme universelle (t. I, p. 191, 259 ; t. III, p. 135-136), et auxquelles la matière participe parce qu’elles sont partout présentes tout entières (t. II, p. 149-170 ; t. III, p. 350-352, 360). — Il y a des idées non-seulement des universaux, τὰ καθ’ ὅλου (ta kath’ olou), tels que l’Homme en soi (t. III, p. 146), mais encore des idées des individus, τὰ καθ’ ἕϰαστα (ta kath’ ekasta), tels que Socrate (t. III, p. 102-106). La forme individuelle, εἶδος ἄτομον (eidos atomon), est contenue dans la multiplicité de l’Intelligence une et infinie comme l’espèce l’est dans le genre (t. III, p. 439). Il y a des idées de tous les êtres qui existent dans la nature, non-seulement des êtres intelligents et raisonnables, mais encore des êtres privés d’intelligence et de raison : ces idées sont toutes également des natures intellectuelles et vivantes ; elles diffèrent entre elles seulement en ce qu’elles manifestent à des degrés divers l’intelligence et la vie (t. III, p. 143-145, 427-439). — Il n’y a pas d’idées des accidents ni des choses viles (t. III, p. 148).

Les idées sont les nombres premiers et véritables contenus dans le Nombre universel et essentiel (t. III, p. 379-396). L’Intelligence est la dyade formée par la dualité de l’Être et de la Pensée, et déterminée par l’Un absolu. Le Nombre qui dérive de la Dyade et de l’Un constitue toutes les idées et tous les nombres ; il est donc la source et la base de l’existence pour tous les êtres ; à ce titre, il est infini (t. III, p. 11-12, 66, 404). — C’est en contemplant les essences qu’elle contient et leurs propriétés que l’Intelligence produit le Nombre, la Quantité, la Qualité et la Figure (t. III, p. 239-241).

Puisque l’Intelligence contient en elle toutes les idées et tous les nombres, essences et causes de toutes les choses qui existent (t. III, p. 379), elle est l’Animal premier qui réunit en lui la Vie parfaite et la Sagesse suprême (t. III, p. 240, 376-377, 393, 404-406). Elle est donc la cause, l’archétype et le paradigme de l’univers, qu’elle fait subsister toujours de la même manière ; c’est en cela que consiste la