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PORPHYRE

selon leur pouvoir son caractère propre (ἰδιότης), s’il faut ainsi parler, et qu’ils sont conservés par lui[1]. » (Saint Cyrille, Contre Julien, I, p.  31, éd. de 1636.)

Le Dieu suprême (ὁ πρῶτος θεὸς) est incorporel, immuable, indivisible ; il n’existe dans aucune chose autre que lui-même ; il n’est pas enchaîné à lui-même [il est souverainement indépendant] ; par conséquent, il n’a besoin de rien qui soit hors de lui[2]. (Porphyre, De l’Abstinence des viandes, II, 37.)

Plus le Père de toutes choses est simple, pur, absolu, dégagé de la matière, plus celui qui veut approcher de lui doit être pur et chaste sous tous les rapports, plus il doit s’appliquer à purifier d’abord son corps, puis son âme, en donnant à chacune de ses facultés, et en général à chacune des parties auxquelles il est uni, le genre de chasteté que comporte leur nature[3]. (Porphyre, ibid., I, 57.)

Au Dieu qui est au-dessus de tous les autres nous n’offrirons pas un encens matériel, nous ne consacrerons aucun objet sensible : car tout ce qui est matériel est indigne d’un principe complètement dégagé de la matière. Nous ne lui parlerons donc pas ; nous ne nous adresserons même pas à lui intérieurement, si notre âme est souillée par quelque passion ; mais nous l’honorerons par un silence pur, par des conceptions pures de sa perfection. Nous unissant à Dieu et lui devenant semblables (συναφθέντες καὶ ὀμοιωθέντις αὐτῷ), nous lui offrirons notre élévation propre (ἡ αὐτῷν ἀναγωγὴ) comme une sainte hostie qui lui serve de louange et opère notre salut[4]. La perfection de ce sacrifice consiste donc dans la contemplation impassible de Dieu[5]. (Porphyre, ibid., II, 34.)

II. Deuxième hypostase. L’Intelligence.

Porphyre rapporte, dans le quatrième livre de son Histoire des Philosophes, que, « selon Platon, le Bien a engendré d’une manière incompréhensible pour les hommes l’Intelligence universelle, qui subsiste par elle-même, qui contient les êtres véritables

  1. Voy. Plotin, t. III, p. 650.
  2. Voy. t. I p. lxxxiii ; t. III, p. 511, 530.
  3. Voy. t. III, p. 540-541.
  4. Voy. t. III, p. 563.
  5. « Dieu, étant le Père de toutes choses, n’a besoin de rien ; nous attirons ses grâces sur nous lorsque nous l’honorons par la Justice, par la chasteté et par les autres vertus, et que notre vie est une continuelle prière par l’imitation de ses perfections et la recherche de sa vérité. » (Porphyre, Philosophie des oracles ; dans saint Augustin, Cité de Dieu, X, 19.)