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SAINT BASILE.

puisque son état est heureux ; il n’aspire à rien, puisqu’il a tout en lui-même ; il n’a pas besoin de se développer, puisqu’il est souverainement parfait. Aussi renferme-t-il en lui toutes choses parfaites, » charité, joie, paix, douceur, bonté, sagesse, intelligence, prudence, sûreté, piété, science, sanctification, rédemption, foi, opérations des puissances, dons salutaires, et autres choses semblables. « Il n’y a en lui rien de contingent. Il possède tout dès l’éternité, » comme étant l’Esprit de Dieu et procédant de Dieu, comme ayant en Dieu la source dont il émane. Il est lui-même la source de laquelle découlent les biens que nous venons d’énumérer. Mais ce dont Dieu est la source est une hypostase, tandis que les choses dont l’Esprit-Saint est la source ne sont que ses actes. C’est cet Esprit-Saint que Dieu a versé abondamment sur nous par le Seigneur Jésus ; qu’il a versé, dis-je, et non créé ; communiqué, et non fait ; donné, et non produit. Je me sers ici de synonymes pour que tu sois inébranlable dans ta foi. Celui qui a appris de l’Esprit-Saint ce qu’il doit répondre aux questions qu’on lui adresse est appelé disciple de Dieu par le prophète : Et ils seront tous disciples de Dieu[1].

L’âme raisonnable est pleine de cet Esprit divin, si elle ne s’écarte pas de lui par sa négligence. Elle s’approche donc de lui, » et, réduite à l’unité, » elle s’applique cette parole : Celui qui est


PLOTIN.

éternel et immuable. Pourquoi l’Intelligence changerait-elle, puisque son état est heureux ? À quoi aspirerait-elle, puisqu’elle a tout en elle-même ? Pourquoi voudrait-elle se développer, puisqu’elle est souverainement parfaite ? Sa perfection est d’autant plus complète qu’elle ne renferme que des choses qui sont parfaites et qu’elle pense ; et elle les pense, non parce qu’elle cherche à les connaître, mais parce qu’elle les possède. « Sa félicité n’a rien de contingent : l’Intelligence possède tout dès l’éternité… »

Ainsi l’âme humaine est pleine de cette divinité [de l’Intelligence] ; elle y est rattachée par ces essences, si elle ne s’en éloigne pas. Elle approche d’elle, et, réduite à l’unité, » elle se demande : Qui a engendré cette divinité ?

(Plotin, Enn. V, liv. I, § 1-5 ; t. III, p. 5-11.)

  1. Isaïe, LXV, 13.