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LIVRE PREMIER.


puisqu’elle est supérieure à tous les autres êtres. L’Âme est en effet le verbe et l’acte de l’Intelligence, comme l’Intelligence est le verbe et l’acte de l’Un. Mais l’Âme est un verbe obscur. Étant l’image de l’Intelligence, elle doit contempler l’Intelligence, comme celle-ci doit, pour subsister, contempler l’Un. Si l’Intelligence contemple l’Un, ce n’est pas qu’elle s’en trouve séparée, c’est seulement parce qu’elle est après lui. Il n’y a nul intermédiaire entre l’Un et l’Intelligence, non plus qu’entre l’Intelligence et l’Âme. Tout être engendré désire s’unir au principe qui l’engendre, et il l’aime, surtout quand Celui qui engendre et Celui qui est engendré sont seuls. Or, quand Celui qui engendre est souverainement parfait, Celui qui est engendré doit lui être si étroitement uni qu’il n’en soit séparé que sous ce rapport qu’il en est distinct[1].

VII. L’Intelligence est, disons-nous, l’image de l’Un. Expliquons cette assertion. Elle en est l’image parce qu’elle est sous un certain rapport nécessairement engendrée par lui, qu’elle a beaucoup de la nature de son Père, et qu’elle lui ressemble comme la lumière ressemble au soleil. Mais l’Un n’est pas intelligence ; comment l’hypostase

    ces mêmes philosophes, l’Âme, qui occupe le troisième rang après le premier principe, a besoin de contempler l’Intelligence et de participer à ce second principe pour être ce qu’elle doit être, etc. » (Contre Julien, VIII, p. 273.)

  1. Saint Cyrille cite cette phrase en ces termes : « Nous trouverons chez les philosophes grecs eux-mêmes la connaissance de la sainte Trinité. Ils disent en effet que les trois natures sont étroitement unies entre elles, sans aucun intermédiaire, et que l’Âme, qui occupe le troisième rang, est avec l’Intelligence, qui occupe le second rang, dans le même rapport que l’Intelligence est avec le Premier. Que ces philosophes établissent entre ces natures le rapport qui existe entre celui qui engendre et celui qui est engendré, c’est ce que prouvent les paroles suivantes de Plotin… Vous entendez comme il affirme que Celui qui est engendré est étroitement uni à Celui qui engendre, qu’il n’en est pas séparé,