Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
CINQUIÈME ENNÉADE.


lement du soleil sans qu’il sorte de son repos, et qui l’environne sans le quitter. Ainsi toutes les choses, tant qu’elles persévèrent dans l’être, tirent nécessairement de leur propre essence et produisent au dehors une certaine nature qui dépend de leur puissance et qui est l’image de l’archétype dont elle provient[1]. Ainsi le feu répand la chaleur hors de lui ; la neige répand le froid. Les parfums donnent un exemple frappant de ce fait : tant qu’ils durent, ils émettent des exhalaisons auxquelles participe tout ce qui les entoure. Tout ce qui est arrivé à son point de perfection engendre quelque chose. Ce qui est éternellement parfait engendré éternellement, et ce qu’il engendre est éternel, mais inférieur au principe générateur. Que faut-il donc penser de Celui qui est souverainement parfait ? N’engendre-t-il pas[2] ? Tout au contraire, il engendre ce qu’il y a de plus grand après lui. Or, ce qu’il y a de plus parfait après lui, c’est le principe qui tient le second rang, l’Intelligence. L’Intelligence contemple l’Un, et n’a besoin que de lui ; mais l’Un n’a pas besoin de l’Intelligence. Ce qui est engendré par le Principe supérieur à l’Intelligence ne peut être que l’Intelligence[3] : car elle est ce qu’il y a de meilleur après l’Un,

  1. Voy. ci-après, Enn. V, liv. IV, § 1.
  2. Saint Cyrille cite ce passage en ces termes : « Plotin, qui approfondit les questions et qui est arrivé, si je puis le dire, au plus haut degré de subtilité, s’exprime de la manière suivante sur le Bien, etc. » (Contre Julien, VIII, p. 273.) Voy. aussi le passage de Théodoret que nous avons déjà cité dans le tome I, p. 257, note 2.
  3. Saint Cyrille fait sur ce passage les réflexions suivantes : « Ainsi Plotin appelle Intelligence le Verbe divin, que nous nommons aussi la Sagesse, sauf que nous n’admettons pas que le Fils soit en rien inférieur à la gloire et à la majesté du Père. Car nous ne disons pas qu’il doive contempler le Père pour arriver à la perfection, comme s’il n’était point parfait par lui-même, ainsi que l’admettent ces philosophes, selon qui l’Intelligence a besoin du premier principe et le contemple pour arriver à posséder toute la perfection que comporte sa nature. C’est ainsi encore que, selon