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LIVRE TROISIÈME.
DES HYPOSTASES QUI CONNAISSENT ET DU PRINCIPE SUPÉRIEUR[1].

I. Pour se penser ou se connaître soi-même, faut-il être composé de diverses parties et contempler l’une par l’autre ? Doit-on admettre que ce qui est absolument simple ne peut se tourner vers soi-même pour se connaître ? Ne doit-on pas admettre au contraire que même ce qui n’est point composé peut se connaître soi-même ? — Si l’on dit qu’une chose peut se connaître elle-même parce qu’elle est composée, et que par une de ses parties elle saisit les autres (comme par la sensation, par exemple, nous percevons la forme de notre corps et sa nature), il n’est pas évident qu’il y ait alors connaissance de soi-même. Dans ce cas, le tout ne sera point connu, à moins que la partie qui connaît les autres auxquelles elle est unie ne se connaisse aussi elle-même ; sinon, il y aura là connaissance d’une chose par une autre chose, au lieu de la connaissance d’une chose par elle-même.

Il faut donc admettre qu’un principe simple se connaît lui-même, et chercher comment cela est possible[2] ; sinon, il faut renoncer à la véritable connaissance de soi-même. Mais on ne saurait y renoncer sans tomber dans une foule d’absurdités : car, s’il est absurde de refuser à l’âme la

  1. Pour les Remarques générales sur ce livre, Voy. les Éclaircissements à la fin du volume.
  2. Voy. Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, § XXXI, dans notre tome I, p. LXX.