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LIVRE DEUXIÈME.


trouvait ? Elle retourne à son principe[1] : car nulle distance locale ne l’en sépare. Si l’on coupe, si l’on brûle la racine, où va la puissance végétative qui y était présente ? Elle retourne à la Puissance végétative de l’Âme universelle, qui ne change pas de lieu, ne cesse pas d’être où elle était. Elle ne cesse d’être où elle était que si elle remonte à son principe ; sinon, elle passe dans une autre plante : car elle n’est pas obligée de se contracter, de se retirer en elle-même. Remonte-t-elle au contraire, elle va dans le sein de la puissance supérieure [c’est-à-dire dans la Puissance principale de l’Âme universelle[2]]. Où celle-ci réside-t-elle à son tour ? Dans le sein de l’Intelligence, sans changer de lieu : car l’Âme n’est pas dans un lieu et l’Intelligence y est encore moins. Ainsi, l’Âme n’est nulle part ; elle est dans un principe qui n’étant nulle part est partout[3] [c’est-à-dire elle est dans l’Intelligence].

Si, remontant aux régions supérieures, l’âme s’arrête avant d’avoir atteint celle qui est la plus élevée, elle mène une vie d’une nature intermédiaire [entre la vie céleste et la vie terrestre][4].

Toutes ces choses [l’Âme universelle et ses images] sont l’Intelligence et nulle d’elles n’est l’Intelligence. Elles sont l’Intelligence, sous ce rapport qu’elles en procèdent. Elles ne sont pas l’Intelligence, en ce sens que c’est en demeurant en elle-même que l’Intelligence leur a donné naissance[5].

Ainsi, dans l’univers la vie ressemble à une ligne immense où chaque être occupe un point, engendrant l’être qui suit, engendré par celui qui précède, et toujours distinct, mais non séparé de l’être générateur et de l’être engendré dans lequel il passe sans s’absorber.

  1. Voy. notre tome II, p. XLI, note 1, et les p. 379, 423, 636-637, 655-656.
  2. Voy. t. I, p. 193, note 1.
  3. Voy. Enn. VI, liv. V.
  4. Voy. Enn. III, liv. IV, § 6 ; t. II, p. 99-101.
  5. Voy. Enn. III, liv. VIII, § 7 ; t. II, p. 223-224.