L’âme possède en outre la raison discursive (τὸ λογιζόμενον (to logizomenon)) : celle-ci juge les représentations sensibles, les combine et les divise ; elle considère aussi sous forme d’images les conceptions qui lui viennent de l’intelligence, et opère sur ces images comme sur les images fournies par la sensation ; enfin, elle est encore la puissance de comprendre, puisqu’elle discerne les nouvelles images des anciennes, et qu’elle les accorde entre elles en les rapprochant, d’où dérivent nos réminiscences[1].
Voilà jusqu’où va la puissance intellectuelle de l’âme. Est-elle capable en outre de se tourner vers elle-même et de se connaître, ou faut-il s’élever jusqu’à l’intelligence pour trouver cette connaissance ? Si nous accordons cette connaissance à la partie intellectuelle de l’âme, nous en ferons une intelligence, et nous aurons alors à chercher en quoi elle diffère de l’intelligence supérieure. Si nous refusons cette connaissance à cette partie de l’âme, nous nous élèverons par
- ↑ Voy. les Éclaircissements, t. II, p. 572. On peut rapprocher aussi de ces lignes le passage suivant d’Olympiodore : « Le raisonnement est l’intelligence déductive ; or, sous ce rapport, il est inférieur à l’intelligence pure ; mais, en tant qu’intelligence, il est supérieur à la sensibilité et à l’imagination. Il est la raison en action : d’un côté, il aspire à l’intelligence et réfléchit la lumière de la vérité intelligible ; de l’autre, il s’abaisse vers la connaissance déraisonnable et s’obscurcit des ténèbres de l’erreur, inséparable de la sensibilité… Le raisonnement ne tient point du corps, dont la nature est de tout ignorer ; au contraire, la sensation tient du corps. Le raisonnement vise à la connaissance des causes ; mais il n’appartient pas même à la sensation de les chercher. L’un est à la suite de l’être, l’autre est la messagère des passions ; celui-ci est de l’âme à l’âme elle-même ; celle-là est de l’âme aux choses étrangères. Aussi la connaissance y est-elle interrompue par la division. » (Comm. sur le Phédon, dans les Fragments de Philosophie ancienne de M. Cousin, p. 432.)
sairement la vérité de la connaissance, tandis que leur diversité est la source constante de l’erreur. » (Comm. sur le Phédon, dans les Fragments de Philosophie ancienne de M. Cousin, p. 404.)