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Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 1, 1870.djvu/204

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toujours ce qu'il doit, est souvent agréable, mais aussi il déplait souvent. Non pas qu'il veuille se rendre déplaisant; mais s'il voit qu'il soit meilleur de l'être, il ne reculera pas non plus devant cette nécessité. Car de même qu'un médecin, si la chose est utile, vous fait prendre du safran et du nard, et souvent aussi, en vérité, vous ordonne des bains délicats, une nourriture friande, mais que d'autres fois, laissant de côté ces douceurs, il vous bourre de castoréum, "De polium puant, à la fétide odeur"; ou bien qu'il broie de l'ellébore et vous force à l'avaler sans avoir l'intention de vous être désagréable cette fois, pas plus qu'il n'avait voulu auparavant vous faire plaisir, puisque dans un cas comme dans l'autre c'était l'intérêt de votre santé seule qui l'avait guidé ; de même, l'ami saura vous donner des éloges et de douces paroles, il vous grandira à vos propres yeux, il vous caressera, mais ce sera pour vous conduire au bien, comme celui-ci : "Teucer, mortel aimé, roi, fils de Télamon, Dirige ainsi ta lance" ou comme cet autre : "Pourrais-je t'oublier jamais, divin Ulysse"? Mais aussi, quand il y aura besoin de corriger, d'attaquer avec une parole incisive et une franchise pleine de sollicitude, il n'hésitera pas : "Fils d'un dieu, Ménélas, perdez-vous la raison? Ne soyez pas si fou ..." Quelquefois même l'ami joindra l'acte aux paroles. Ainsi Ménédème, voyant que le fils de son cher Asclépiade tenait une conduite licencieuse et déréglée, ferma sa porte à ce jeune homme, ne lui adressa plus la parole; et il ne tarda pas à le réformer. Arcésilas interdit son école à Battus,