Aller au contenu

Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 1, 1870.djvu/669

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
595
TROYENNES.

la pénétration de Tanaquil et dans celle du roi Servius, dans le courage de Porcia et dans celui de Brutus, de Pélopidas, de Timoclée, en même temps que l’on tiendra compte de ce qu’il y a de commun, de ce qu’il y a d’essentiel dans ces ressemblances et dans ces mérites. En effet, en raison des natures, les vertus offrent certaines diversités qui sont comme autant, de nuances particulières et qui se conforment aux mœurs des personnages, à leur tempérament, à leur éducation, à leur genre de vie. Achille est courageux d’une autre façon qu’Ajax. La prudence d’Ulysse n’est pas semblable à celle de Nestor. Caton et Agésilas n’étaient pas justes de la même manière. La piété conjugale d’Irène, la grandeur d’âme de Cornélie n’étaient pas la piété conjugale d’Alceste et la grandeur d’âme d’Olympias. Toutefois n’allons pas, d’après cela, établir des multiplicités et des variétés de bravoures, de prudences, de justices, puisque, soit dit une seule fois pour toutes, les dissemblances du récit consacré à ces vertus selon chaque personnage ne tendent à exclure forcément aucune d’elles[1]. Au reste, les exemples trop fréquemment cités, et dont je pense que des livres solides vous ont donné le récit et la connaissance, je les omettrai ici. Je m’attacherai seulement aux actions mémorables passées sous silence par les auteurs qui, avant moi, ont réuni des faits répandus et devenus populaires. Et comme il y a beaucoup d’actes illustres accomplis par des femmes soit dans la vie publique soit dans la vie privée, il ne sera pas mal que je raconte d’abord un petit nombre de ceux qui ont été exécutés en commun.

TROYENNES.

La plupart de ceux qui s’enfuirent de Troie à la prise de cette ville, après avoir été battus de la tempête, furent, par suite de leur inexpérience de la navigation et de leur ignorance de la mer, jetés sur la côte d’Italie. De rade en

  1. La pensée de l’auteur est difficile à bien saisir. Elle a quelque solidité cependant.