Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 1, 1870.djvu/675

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avant des remparts ; et relevant leurs robes par le bas : « Où allez-vous, leur dirent-elles, ô les plus lâches de tous les hommes ? Car vous ne sauriez en fuyant rentrer dans ce sein d’où vous êtes sortis. » A cette vue et à ces paroles, les Persans confus de honte et se maudissant eux-mêmes, firent volte-face, chargèrent de nouveau les ennemis et les mirent en fuite. De cette époque date une loi, en vertu de laquelle toutes les fois que le Souverain fait son entrée dans la ville[1] chaque femme reçoit une pièce d’or. C’était Cyrus qui avait établi cette coutume. Mais Ochus, d’ailleurs homme méchant et le plus avide des rois, faisait toujours, dit-on, le tour de la ville sans la traverser, de sorte qu’il privait les Persanes de leur gratification. Alexandre, au contraire, y entra par deux reprises, et chaque fois il donna le double aux femmes enceintes.


GAULOISES.

Les Gaulois[2], avant d’avoir franchi les Alpes et de s’être établis dans la contrée qu’ils occupent de nos jours en Italie, furent en proie à des séditions si violentes, si difficiles à calmer, qu’elles allèrent jusqu’à la guerre civile. Mais les femmes étant survenues au milieu des rangs armés, prirent en main les différends. Elles se chargèrent de les régler ; et leurs décisions furent tellement irréprochables, que de cités à cités, de familles à familles, il se forma entre tous et d’un consentement unanime une bienveillance admirable. C’est depuis ce tempsque les Gaulois ont conservé l’usage de délibérer touchant la guerre et la paix en compagnie de leurs femmes et de requérir l’arbitrage de celles-ci dans les contestations qui s’élèvent entre eux et leurs alliés. Ainsi, dans le traité qu’ils firent avec Annibal, il fut stipulé, que si les Gaulois formulaient quelques plaintes contre ceux de Carthage, ce seraient les gouverneurs et les généraux Carthaginois résidant en Espagne qui les décideraient ; que si, au contraire,

  1. Amyot ajoute : « retournant d’aulcun voyage lointain ; »
  2. Littéralement : « les Ceites. »