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Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 1, 1870.djvu/680

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niveau de la mer ; et comme le rivage formait un escarpement prolongé qui retenait les eaux, Bellérophon le fit couper. La mer alors fit violemment irruption, et le plat pays fut inondé. Les hommes ne purent obtenir qu’il se rendît à leurs prières ; mais les femmes s’étant répandues en foule autour de lui, il éprouva un sentiment de honte et mit un terme à son courroux. D’autres disent tout simplement, que la fameuse Chimère était une montagne directement opposée au soleil, et que, recevant les rayons embrasés de cet astre dévorant, elle en réfléchissait l’intensité et la chaleur sur la la plaine dont tous les fruits se desséchaient par cette influence. Bellérophon[1], après y avoir songé longtemps, abattit le pan de montagne dont la surface trop polie renvoyait le plus vivement les rayons du soleil. Mais dans la suite n’ayant pas trouvé de reconnaissance chez les Lyciens, il résolut, dans sa colère, de se venger d’eux, et les femmes par vinrent à le fléchir. Du reste Nymphis, dans son quatrième livre de l’histoire d’Héraclée, donne une explication qui n’a rien de fabuleux. Il assure que dans le pays des Xanthiens un sanglier sauvage portait ladésolation parmi les animaux et dévastait les fruits de la terre. Bellérophon l’ayant tué, les Lyciens ne lui en témoignèrent aucune reconnaissance, et alors il implora contre eux la vengeance de Neptune. De toute la plaine se dégagèrent des exhalaisons salines qui gâtèrent complétement le sol et le rendirent amer, jusqu’au moment où, par égard pour les femmes qui étaient venues le supplier, Bellérophon pria Neptune d’apaiser son courroux. De là est venu chez les Xanthiens l’usage, quand il s’agit pour eux d’affaires d’intérêt, de prendre non pas le nom de leurs pères, mais celui de leurs mères.

SALMATIDES.

Annibal, fils de Barca, avant d’aller faire la guerre aux Romains, assiégea Salmatique, ville considérable de l’Ibérie.

  1. Amyot ajoute : « homme de grand entendement. »