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Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 1, 1870.djvu/682

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nibal, qui les traita de la manière la plus rassurante et la plus humaine.

MILÉSIENNES.

Les jeunes filles de Milet furent saisies autrefois d’une manie étrange et bizarre, sans que l’on pût en connaître la cause. Ce qui sembla le plus probable, c’est que des influences malignes et pestilentielles répandues dans l’air avaient produit chez elles le trouble et le désordre de l’intelligence. Elles se trouvèrent toutes soudainement prises d’un désir de mort et d’une envie furieuse de se pendre. Un grand nombre d’entre elles se pendirent en effet secrètement. Représentations et larmes de leurs parents, prières de leurs amis, rien ne réussissait ; et pour mettre fin à leur existence, elles déjouaient toute l’attention, toute l’activité de ceux qui les surveillaient. Il semblait que ce fût une calamité céleste que nul secours humain ne pourrait arrêter. A la fin, sur la proposition d’un homme de sens, il fut décrété, que les jeunes filles qui se pendraient seraient portées toutes nues au bûcher à travers la place publique. Le décret reçut son exécution ; et non-seulement il produisit un temps d’arrêt, mais encore il fit complétement cesser cette manie de suicide. C’était, du reste, une grande preuve d’excellente nature et de vertu que cette crainte de l’infamie. Ces mêmes jeunes filles qui devant ce qu’il y a de plus terrible au monde, à savoir la mort et ses souffrances, s’étaient montrées résolues, cédèrent en songeant à un affront, et ne purent supporter la honte qui pèserait sur elles après leur trépas.

FILLES DE CIO.

Les jeunes filles de Cio étaient dans l’usage de se réunir pour des sacrifices publics où elles passaient toute la journée ensemble, et leurs prétendants les regardaient jouer et danser. Le soir elles revenaient successivement chez elles, et offraient leurs services aux parents et aux frères les unes