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Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 1, 1870.djvu/709

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la guerre aux Cyrénéens quand sa mère vint à mourir, et il dut s’occuper de ses funérailles. Dans l’intervalle on était venu annoncer quelles étaient ses intentions. Polyarque jugea donc qu’il ferait bien d’aller se justifier auprès de lui. Eryxo ne souffrit pas que son frère partît seul : elle voulut le suivre et partager ses périls. Leur mère elle-même, Critola, bien que d’un âge fort avancé, ne se sépara point d’eux. C’était une femme entourée de la plus grande considération, et sœur du premier Battus, l’heureux. Quand ils furent arrivés en Égypte, l’acte par eux consommé avait déjà inspiré à tout le monde une grande admiration. Amasis en particulier accueillit avec un empressement extraordinaire la sage et courageuse Eryxo ; et il ne laissa repartir Polyarque et les deux femmes qu’après les avoir honorés de présents et traités comme personnages de condition royale.

XÉNOCRITE.

Ce n’est pas une moindre admiration que doit inspirer l’héroïne de Cumes, Xénocrite, pour la manière dont elle se conduisit avec le tyran Aristodème, surnommé le Délicat[1]. Disons en passant, que ceux qui croient comprendre l’origine de ce surnom ignorent la vérité. Les Barbares le surnommèrent « Délicat, » qui équivaut à « impubère », parce qu’il était à peine sorti de l’enfance. Il se trouvait au nombre des jeunes garçons qui gardaient encore leur chevelure, (on les nommait « coronistes, » sans doute à cause de cette chevelure) lorsqu’il figura dans les guerres entreprises contre les Barbares. Là il s’était distingué et avait acquis de l’illustration. Ce n’était pas seulement son audace et ses coups de main, c’était encore sa pénétration et sa prévoyance, qui l’avaient rendu remarquable entre tous. Aussi ses concitoyens pénétrés d’admiration l’élevèrent-ils aux premiers emplois ; et il fut mis à la tête du secours que l’on envoyait aux Romains

  1. Amyot ajoute : « qui vault autant à dire comme mol pour la dissolution de ses meurs. » Cette paraphrase semble contredire l’explication du mot, telle que Plutarque la donne un instant après.