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DES ENFANTS.

par quelque action éclatante d'aimer qui il leur plaira parmi les beaux garçons[1]. » Toutefois il conviendra d'écarter ceux qui ne seront passionnés que pour la beauté corporelle, et l'on n'admettra absolument que ceux qui seront amoureux de l'âme. Les amours tels qu'on les voit se pratiquer à Thèbes, dans Élis, méritent qu'on les fuie, aussi bien que les rapts à la Crétoise. Les amours de garçons, tels qu'ils existent chez les Athéniens et les Spartiates, peuvent être suivis et imités.

16. Sur cette matière donc que chacun pose des principes selon qu'il se sera fait une conviction personnelle.

Maintenant que j'ai parlé de ce qui doit régler et embellir l'éducation des enfants, je vais passer à ce qui regarde l'âge où ils ont atteint la jeunesse, et je n'en dirai que très peu de mots. Souvent j'ai formulé des blâmes sévères contre ceux qui introduisent les jeunes gens dans la voie des mauvaises mœurs, et qui, après avoir entouré leur enfance de gouverneurs et de maîtres, leur ont permis plus tard de lâcher la bride à de honteux penchants, alors qu'au contraire il aurait fallu déployer à l'égard de ces jeunes gens une sollicitude et des précautions plus grandes qu'on ne doit en prodiguer à l'enfance. Qui ne sait, en effet, que les fautes de ce dernier âge sont de peu d'importance et aisément réparables ; puisqu'elles se bornent, à peu près, à des irrévérences envers les gouverneurs et à un manque d'attention aux leçons des maîtres ? Mais les fautes que l'on commet lorsqu'on est déjà jeune homme sont souvent considérables et funestes. On se livre à des excès de table, on vole ses parents, on joue, on fréquente les orgies, on s'enivre, on veut séduire les jeunes filles de famille honnête, on porte le trouble au sein des ménages légitimes. Ce sont là des désordres qu'il convient de prévenir ou de réprimer avec le plus grand soin. L'esprit lancé sur la pente des plaisirs est, en effet, disposé à ne connaître plus de bornes : c'est un coursier fougueux, bondissant, et qui a besoin d'être bridé ;

  1. Au livre V de la République.