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Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 4, 1870.djvu/373

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dans le timée.

la pluralité et met des bornes à l’infini, lequel est appelé par eux « dyade infinie ». Zaratas, le maître de Pythagore, appelait cette dyade mère du nombre, comme le un[1] en était appelé par lui le père. Les meilleurs nombres, ajoutait-il, sont tous ceux qui ressemblent à l’unité. Cependant cette dernière n’est pas encore l’âme, attendu qu’il lui manque la propriété de mouvoir et celle d’être mue. Ce fut quand l’être qui est toujours le même et l’être changeant eurent été mêlés, l’un étant le principe du mouvement et du changement, l’autre celui du repos, ce fut alors que se produisit l’âme : laquelle n’est pas moins la faculté de donner la stabilité et de l’avoir qu’elle est celle de mouvoir et d’être mů.

Crantor et ses partisans[2] posent en principe, que l’acte spécial de l’âme, c’est de juger les choses de l’intelligence et les choses sensibles, et de signaler leurs différences et leurs analogies, soit individuelles, soit réciproques. Ils en concluent que l’âme est composée de toutes les choses qui existent, et qu’elle est ainsi composée afin de pouvoir les juger toutes. Or cette universalité, selon eux, se réduit à quatre espèces : la nature intelligible, qui est toujours la même et toujours dans les mêmes conditions ; la nature corporelle, qui est passible et changeante ; la nature de l’être toujours le même ; et enfin la nature de l’être changeant : attendu que les deux premières espèces participent également chacune à la diversité et à l’immutabilité.

3. Mais il y a accord entre tous ces philosophes pour admettre que l’âme n’a pas été créée dans le temps ; qu’elle n’est pas de nature à avoir été créée ; qu’elle possède plusieurs facultés. C’est dans un but purement spéculatif, que, résolvant l’essence de l’âme en ces mêmes facultés, Platon admet, seulement en paroles, qu’elle a été créée et qu’elle est le produit d’un mélange. Ils reconnaissent que l’opinion de ce philosophe touchant le monde était la même ; que, tout en sachant que le monde est éternel et incréé, comme il voyait qu’il est fort difficile de s’en expliquer la compo-

  1. Autrement dit : « le nombre 1. »
  2. Le texte dit seulement : « les partisans de Crantor. »