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Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 4, 1870.djvu/372

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DE LA CRÉATION DE L’ÂME.

et de celle qui, au contraire, réside dans les corps et se trouve être divisible, Dieu composa une troisième espèce de substance, substance intermédiaire, tenant de la nature du principe qui ne change pas et de la nature de l’autre. Les conditions ainsi établies, Dieu plaça cette troisième substance au centre de celle qui dans les corps est indivisible et de celle qui y est divisible. Il prit ensuite ces trois principes, les mêla pour qu’ils ne fissent tous qu’une seule essence ; et comme la nature de l’être changeant ne se plie qu’avec difficulté à un mélange, il dut employer la violence pour faire concourir cette nature à une semblable union. Les ayant donc mêlés, eux et leur essence, et des trois n’en ayant fait qu’un, il partagea ce nouveau tout en autant de subdivisions qu’il convenait. Chacune se trouva contenir du même, du divers, et de la substance intermédiaire. Voici comment il opéra cette division[1]… »

À combien de divergences entre les commentateurs a donné lieu ce premier passage, c’est ce qu’il serait impossible de préciser ici. Vous avez eu occasion de comparer le plus grand nombre des interprétations : il est donc superflu de les énumérer devant vous. Toutefois, comme les philosophes les plus en renom se sont rangés les uns sous la bannière de Xénocrate, qui déclare l’essence de l’âme « un nombre se mouvant de lui-même », et comme les autres se rangent sous celle de Crantor, le Solien, « qui compose l’âme au moyen de la nature intellectuelle et au moyen de la nature que les sens font apprécier », je pense que si je mets bien clairement à découvert ces différents systèmes, je préparerai, pour nos recherches, une sûre entrée en matière.

2. Ce que j’ai à dire sur ces deux théories se réduit à peu de chose. Les partisans de Xénocrate pensent que la naissance seule du nombre résulte du mélange de la substance indivisible et de la substance divisible ; que l’unité est indivisible, que la pluralité est divisible, et que leur combinaison produit le nombre : en ce sens que l’unité borne

  1. Timée, (Édit. Didot, Vol. II, p. 207, et traduction de M. Cousin, vol. XII, page 125 et suivantes).