Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fait de son trident la marque de leur monnaie. Mais lorsque Thésée, parvenu à l’adolescence, eut montré qu’à la force du corps, au courage et à la grandeur d’âme, il joignait la sagesse et la prudence, Éthra, le menant au lieu où était la pierre, lui découvre le secret de sa naissance, lui ordonne de tirer les signes que son père y avait déposés, et de se rendre par mer auprès de lui à Athènes. Thésée leva facilement la pierre ; mais, malgré les instances de sa mère et de son aïeul, il refusa de s’embarquer, quoique la route par mer fût la plus sûre. Il était dangereux d’aller par terre à Athènes ; les chemins étaient infestés par des voleurs et des brigands. Ce siècle produisait des hommes infatigables dans les travaux, supérieurs à tous les autres par leur activité, leur vitesse et leur force ; mais au lieu d’employer ces qualités naturelles à des fins honnêtes et utiles, ils ne se plaisaient que dans les outrages et les violences ; ils n’ambitionnaient d’autres fruits de cette supériorité que d’assouvir leur cruauté, que de tout soumettre, de forcer et de détruire tout ce qui tombait entre leurs mains. Persuadés que la plupart des hommes ne louent la pudeur, l’égalité, la justice et l’humanité, que parce qu’ils n’ont pas la hardiesse de commettre des injustices ou qu’ils craignent d’en éprouver, ils croyaient