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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/114

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prix fut un des plus grands seigneurs de la cour, général des armées de Minos. Il se nommait Tauros. C’était un homme de mœurs dures et farouches, qui traitait avec beaucoup d’insolence et de cruauté ces jeunes Athéniens. Aristote, dans sa Constitution des Bottiéens, ne croit pas non plus que ces enfants fussent mis à mort par Minos, mais qu’ils vivaient en Crète du travail de leurs mains, et vieillissaient dans l’esclavage. Il raconte que, dans des siècles très éloignés, les Crétois, pour acquitter un ancien vœu, envoyèrent à Delphes leurs premiers-nés ; que, les descendants des prisonniers athéniens, s’étant joints à cette troupe, sortirent de Crète avec eux, et n’ayant pas trouvé à Delphes de quoi subsister, ils passèrent en Italie et s’établirent dans la Pouille ; qu’ensuite, retournant sur leurs pas, ils allèrent en Thrace, où ils prirent le nom de Bottiéens. De là vient que leurs filles, dans un sacrifice qui est en usage parmi eux, ont coutume de terminer leurs chants par ce refrain : « Allons à Athènes. » Au reste cela fait voir combien il est dangereux de s’attirer la haine d’une ville dont la langue est cultivée, et où les Muses sont en honneur, car Minos a toujours été depuis décrié sur les théâtres d’Athènes. Hésiode a beau l’appeler le plus grand des rois, et Homère dire de lui qu’il conversait familièrement