Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/174

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où il se trouvait avec ses voisins pour régler ce qui concernait les pâturages et la chasse, il faisait voir en tout qu’il était né plutôt pour commander que pour obéir. Ils étaient l’un et l’autre fort aimés de leurs égaux et de leurs inférieurs ; quant aux intendants et aux chefs des troupeaux du roi, à qui ils ne voyaient aucun avantage sur eux du côté du courage, ils les méprisaient, et ne tenaient compte ni de leur colère ni de leurs menaces. Toujours livrés à des oc— 104 cupations honnêtes, ils regardaient l’oisiveté et l’inaction comme indignes de personnes libres : exercer continuellement leur corps, chasser, faire des courses, détruire les brigands et les voleurs, défendre les opprimés contre toute espèce de violence ; tel était chaque jour l’emploi de leur vie. Par cette conduite, ils s’étaient acquis une grande réputation.

VII. Un jour les bergers de Numitor ayant pris querelle avec ceux d’Amulius, et leur ayant enlevé quelques troupeaux, Romulus et Rémus, indignés de cette violence, se mirent à leur poursuite, les battirent, les dispersèrent, et reprirent le butin qu’ils avaient emmené. Numitor en ayant témoigné du mécontentement, ils s’en mirent peu en peine, et commencèrent même à rassembler auprès d’eux un grand nombre d’indigents