Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/177

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oiseaux de proie, ces animaux eux-mêmes ont pris soin de nous nourrir. Exposés sur le bord d’un grand fleuve, nous y fûmes allaités par une louve, et un pivert nous apportait de la nourriture qu’il mettait toute préparée dans notre bouche. On conserve encore le berceau dans lequel on nous avait mis. Il est garni de lames de cuivre, sur lesquelles sont des caractères à demi effacés, qui peut-être seront un jour pour nos parents des signes d’une reconnaissance inutile quand nous ne serons plus. »

Numitor, comparant ce discours et l’âge que paraissait avoir Rémus, avec l’époque de son exposition, ne rejeta pas une espérance si flatteuse ; mais d’abord il chercha les moyens d’en conférer secrètement avec sa fille, qui était toujours étroitement gardée.

VIII. Cependant Faustulus, informé que Rémus avait été fait prisonnier et qu’Amulius l’avait livré à Numitor, presse Ro— 106 mulus d’aller à son secours, et lui découvre enfin le secret de sa naissance, dont il ne leur avait encore parlé qu’en termes obscurs, et seulement autant qu’il le fallait pour leur inspirer des sentiments dignes de leur origine. En même temps il prend le berceau, et, pressé par la crainte du danger où est Rémus, il court le porter à Numitor. Sa précipitation et son trouble donnèrent des soupçons