Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/189

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la cour à leurs patrons ; ils avaient pour eux le plus grand respect : ils contribuaient à doter les filles et à payer les dettes de ceux qui étaient pauvres. Il n’y avait point de loi ni de magistrat qui pût forcer un client à déposer contre son patron, ni un patron contre son client. Ces droits ont toujours subsisté ; seulement, dans la suite, les grands ont regardé comme une honte et une bassesse de recevoir de l’argent des petits ; et cet usage a été supprimé (12). Mais en voilà assez sur cet objet.

XVI. Ce fut quatre mois après la fondation de Rome que Romulus, selon Fabius Pictor, exécuta l’entreprise hardie de 114 l’enlèvement des Sabines. On croit que, porté naturellement à la guerre, persuadé d’ailleurs, sur la foi de certains oracles que les destins promettaient à Rome la plus grande puissance, si elle était nourrie et élevée dans les armes, ce prince fit cet acte de violence, pour avoir un prétexte d’attaquer les Sabins. Aussi n’enleva-t-il qu’un petit nombre de femmes, trente seulement, parce qu’il avait plus besoin de guerre que de mariages. Mais il est plus vraisemblable que, voyant sa ville remplie d’étrangers, dont très peu avaient des femmes, et dont le reste n’était qu’un mélange confus de gens pauvres et obscurs qui, méprisés par les autres, ne paraissaient