Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/191

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tirant leurs épées, ils s’élancent au milieu de la foule en jetant de grands cris, enlèvent les filles des Sabins, et laissent ceux-ci s’enfuir sans les poursuivre. Quelques écrivains prétendent 115 qu’il n’y en eut que trente d’enlevées, qui donnèrent leurs noms aux tribus de Rome, Mais Valérius Antias les porte à sept cent vingt-sept, et Juba seulement à six cent quatre-vingt-trois. On doit remarquer qu’elles étaient toutes filles ; dans leur nombre, il ne se trouva qu’une seule femme, nommée Hersilie ; encore avait-elle été prise par mégarde : observation qui justifie Romulus, et qui prouve qu’il n’employa cette violence ni pour outrager les Sabins, ni pour satisfaire une passion brutale, mais par le seul désir de former entre les deux peuples l’alliance la plus intime et la plus durable. Hersilie fut mariée à Hostilius, l’un des plus considérables entre les Romains. ; d’autres disent qu’elle épousa Romulus lui-même, qui en eut deux enfants : une fille qui fut appelée Prima, parce qu’elle naquit la première, et un fils qu’il appela Aollius (13), en mémoire de ce concours de peuple qu’il avait rassemblé auprès de lui. Dans des temps postérieurs, on le nomma Abillius ; mais ce fait, qui n’est rapporté que par