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SOLON.


fans vertueux, se sont abstenus de montrer un lâche et honteux abattement, et ont passé le reste de leur vie dans une sage modération. Car c’est la faiblesse et non pas l’affection qui cause ces regrets, ces craintes excessives, à des hommes que la raison n’a pas prémunis contre les coups de la fortune ; qui ne savent pas jouir du présent, et que l’avenir jette dans des douleurs, des agitations et des angoisses continuelles, par la crainte qu’ils ont de se voir privés un jour de ce qu’ils espèrent. Il ne faut donc recourir ni à la pauvreté, ni à l’indifférence, ni au célibat, afin de n’avoir pas à redouter la perte de sa fortune, de ses amis ou de ses enfans ; c’est dans sa raison seule qu’il faut puiser des forces contre de tels accidens. Mais ce que j’ai dit sur cette matière m’a peut-être trop écarté du sujet qui m’occupe.

IX. Les Athéniens, fatigués de la guerre aussi longue que malheureuse qu’ils soutenaient contre les Mégariens, auxquels ils contestaient la possession de l’île de Salamine, défendirent par un décret, sous peine de mort, de jamais rien proposer, ni par écrit ni de vive voix, pour en revendiquer la propriété. Solon, indigné d’un décret si honteux, voyant d’ailleurs que le plus grand nombre des jeunes gens ne demandaient pas mieux que de recommencer la guerre, mais qu’ils n’osaient le proposer, re-