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SOLON.


porteraient à leurs maris que trois robes et quelques meubles de peu de valeur. Il voulut que le mariage fût moins un objet de trafic et de lucre qu’une société intime entre le mari et la femme, qui n’eût pour but que d’avoir des enfans, et de goûter ensemble les douceurs d’une tendresse mutuelle. La mère de Denys le tyran demandait à son fils de la marier à un jeune homme de Syracuse. « J’ai bien pu, lui répondit-il, usurper la tyrannie de la ville et en violer les lois ; mais il n’est pas en mon pouvoir de forcer les lois de la nature pour faire de ces mariages que l’âge ne permet pas. » Il ne faut pas autoriser dans les villes un pareil désordre, ni tolérer ces unions si disproportionnées qui ne sauraient avoir aucune douceur et qui ne peuvent remplir aucune des fins qu’on se propose dans le mariage. Un sage magistrat, un législateur sensé, pourraient appliquer à un vieillard qui épouse une jeune femme ce qu’on dit à Philoctète :

Malheureux ! peux-tu bien songer au mariage ?


Et s’ils voyaient un jeune homme s’engraisser auprès d’une vieille femme, comme les mâles des perdrix s’engraissent près de leurs femelles, ils l’en arracheraient pour le faire passer dans la maison d’une jeune femme qui n’aurait pas de mari. Mais en voilà assez sur cette matière.