Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/445

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aux Spartiates toutes les professions abjectes et mercenaires, de les tenir sans cesse sous les armes, et de ne les exercer qu’au métier de la guerre. Mais Solon, qui accommodait bien plus les lois aux choses que les choses aux lois, qui voyait que le pays, naturellement pauvre, et suffisant à peine à la subsistance des laboureurs, ne pourrait, à plus forte raison, nourrir une populace oisive, mit les arts en honneur, et chargea l’aréopage de s’assurer des moyens que chaque citoyen avait pour vivre, et de punir ceux qui vivaient dans l’oisiveté22. Une loi bien plus rigoureuse, au jugement d’Héraclide du Pont, c’est celle qui dispensait les enfants nés d’une courtisane de l’obligation de nourrir leur père. Celui, disait Solon, qui méprise la dignité du mariage montre sensiblement qu’il s’attache à une femme, non par le désir d’avoir des enfants, mais par le seul attrait de la volupté. Il a donc sa récompense, et il ne s’est réservé aucun droit sur des enfants pour qui la naissance est un opprobre.

23. En général, les lois de Solon qui regardent les femmes renferment de grandes inconséquences. Par exemple, il permet de tuer celui qu’on surprend en adultère23 ; et le ravisseur d’une femme libre, lors même qu’il lui a fait violence, il ne le condamne qu’à une amende de cent drachmes. S’il l’a enlevée pour la prostituer,