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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/487

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l’eau qui la battait sans cesse, loin d’en rien détacher, ne faisait au contraire que la presser, la serrer plus fortement, et y déposer successivement tout ce qu’elle entraînait. Cet amas de matières diverses, gagnant de plus en plus en étendue et en solidité, se grossit enfin de tous les corps étrangers que le Tibre roulait avec lui, et finit par former dans Rome même une île, qu’on appelle l’île Sacrée, et dans laquelle sont des portiques et des temples consacrés à différentes divinités. On la nomme en latin l’île des Deux Ponts. Selon quelques auteurs, ce ne fut pas lors de la consécration du champ de Tarquin au dieu Mars que cette île se forma, mais longtemps après, quand Tarquinia, une des Vestales, consacra à ce même dieu un champ qui lui appartenait, et qui touchait à celui de Tarquin. Cette générosité lui mérita de grands honneurs, entre autres celui de rendre témoignage en justice, droit qu’on n’avait encore accordé à aucune autre femme. On lui donna aussi la permission de se marier ; mais elle ne voulut pas en profiter. Voilà le fait tel qu’on le raconte.

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Tarquin, désespérant de recouvrer son royaume par la trahison, eut recours aux Toscans, qui embrassèrent son parti avec chaleur, et le ramenèrent vers Rome avec une nombreuse armée. Les consuls sortirent au-devant