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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/505

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la paix à condition qu’ils lui rendraient avec les prisonniers les terres qu’ils avaient conquises dans la Toscane, et que, de leur côté, ils reprendraient leurs transfuges. Les Romains y consentirent, et donnèrent pour otages dix jeunes gens de famille patricienne, et autant de jeunes filles, du nombre desquelles était Valéria, fille de Publicola.

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L’accord ainsi fait, Porsenna, sur la foi du traité, avait déjà renvoyé la plus grande partie de son armée, lorsque les jeunes Romaines qui étaient dans son camp, ayant eu un jour envie de se baigner, descendirent vers un endroit du Tibre où le rivage forme un coude dans lequel le fleuve s’enfonce et conserve toujours ses eaux tranquilles. Quand ces jeunes filles virent qu’elles étaient sans gardes, et que personne ne passait l’eau d’aucun côté, elles prirent tout à coup la résolution de traverser la rivière à la nage, malgré sa profondeur et sa rapidité. On dit qu’une d’entre elles, la passant à cheval, soutenait et encourageait ses compagnes. Arrivées heureusement à l’autre bord, elles vont trouver Publicola, qui, au lieu d’admirer et de louer leur action, leur en témoigna son mécontentement. Il craignit qu’on ne le soupçonnât d’être moins fidèle que Porsenna à ses engagements, et que l’audace de ces filles ne fût regardée comme une infraction