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SOLON.

bon usage de sa fortune, en secourant les malheureux. Si Solon a été le plus sage des hommes, Publicola a été le plus heureux. Car tous les biens que le premier a désirés comme les plus grands et les plus estimables dont les hommes puissent jouir, Publicola les a possédés et ι conservés jusqu’à sa mort.

II. Solon a donc honoré Publicola en représentant d’avance son bonheur ; et Publicola a fait honneur à Solon, en se le proposant comme le plus parfait modèle que puisse imiter le fondateur d’un état populaire. Il diminua le faste du consulat et le rendit doux et aimable pour tous les citoyens. Il emprunta plusieurs lois de Solon, entre autres celles qui donnaient au peuple le droit délire ses magistrats, et qui permettaient d’appeler à sa décision des jugemens des tribunaux, comme Solon avait établi l’appel aux juges d’Athènes, qui étaient pris parmi le peuple. Si Publicola ne créa point, comme Solou, un nouveau sénat, il augmenta presque de moitié celui de Rome(24). En établissant des questeurs pour la garde du trésor public, il voulut qu’un consul, homme de bien, put se livrer à des soins plus importans, et qu’un consul pervers n’eût pas un moyeu de plus d’être injuste, quand il se verrait tout à la fois maître des affaires et des revenus publics. La haine des tyrans fut plus