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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/52

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VIE

le naturel et l’agrément de sa diction ne sont qu’un masque trompeur qui cache les intentions les plus coupables et les plus perfides. Je n’entrerai pas ici dans la justification du père de l’histoire : je l’ai fait ailleurs avec beaucoup plus d’étendue, et j’y renvoie mes lecteurs.

XXI. Un second trait de l’injustice de Plutarque, c’est sa partialité contre les stoïciens. J’ai déjà dit qu’il avait embrassé la secte de l’Académie ; et il s’y était attaché avec ce zèle qu’inspire ordinairement aux âmes vertueuses la persuasion qu’elles possèdent la vérité. Plutarque le poussa jusqu’à l’intolérance d’opinions à l’égard de quelques autres sectes. Il avait voué surtout l’opposition, je dirais presque l’antipathie la plus déclarée, aux philosophes du Portique, plus encore qu’à leur école. Non content de combattre leurs principes, il cherche à couvrir leurs personnes de ridicules et de mépris, à les faire passer pour des profanateurs de la vraie philosophie, qui semblaient avoir pris à tâche de renverser les notions communes de la raison et du bon sens que la nature a mises dans tous les hommes. Il faut bien se garder de juger des stoïciens d’après les écrits que Plutarque a publiés contre eux. Ce n’est pas un exposé de leur doctrine qu’il y présente pour la combattre ensuite par