Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/105

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pour aucune victoire ; mais le soulèvement simultané de tant de nations avait montré toute la grandeur du péril ; et l’affection du peuple pour César attachait plus d’éclat à la victoire qu’il avait remportée. Jaloux d’entretenir cette disposition de la multitude, il venait chaque année, après avoir réglé les affaires de la Gaule, passer l’hiver aux environs du Pô, pour disposer des affaires de Rome.

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Non seulement il fournissait à ceux qui briguaient les charges l’argent nécessaire pour corrompre le peuple, et se donnait par là des magistrats qui employaient toute leur autorité à accroître sa puissance ; mais encore il donnait rendez-vous, à Lucques, à tout ce qu’il y avait dans Rome de plus grands et de plus illustres personnages, tels que Pompée, Crassus, Appius, gouverneur de la Sardaigne, et Népos, proconsul d’Espagne ; en sorte qu’il s’y trouvait jusqu’à cent vingt licteurs qui portaient les faisceaux, et plus de deux cents sénateurs. Ce fut là qu’avant de se séparer, ils tinrent un conseil, dans lequel on convint que Crassus et Pompée seraient désignés consuls pour l’année suivante ; qu’on continuerait à César, pour cinq autres années, le gouvernement de la Gaule, et qu’on lui fournirait de l’argent pour la solde des troupes. Ces dispositions révoltèrent tout