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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/145

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aux blessures ; qui d’ailleurs, à la fleur de l’âge, étalaient avec complaisance leur jeunesse et leur beauté, éviteraient avec soin ces sortes de blessures, et ne soutiendraient pas longtemps un genre de combat où ils auraient à craindre, et le danger actuel, et la difformité pour l’avenir. Il ne fut pas trompé dans son espérance : ces jeunes gens délicats ne purent supporter les coups de javeline qu’on leur portait au visage, et n’osant fixer ce fer qui brillait de si près à leurs yeux, ils détournaient la vue et se couvraient la tête pour préserver leur figure. Ils rompirent enfin eux-mêmes leurs rangs, et, prenant honteusement la fuite, ils causèrent la perte du reste de l’armée ; car les soldats de César, après les avoir vaincus, enveloppèrent l’infanterie, et la prenant par derrière, ils la taillèrent en pièces.

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Pompée n’eut pas plutôt vu de son aile droite la déroute de sa cavalerie qu’il ne fut plus le même : oubliant qu’il était le grand Pompée, et semblable à un homme dont un dieu aurait troublé la raison, ou peut-être accablé d’une défaite qu’il regardait comme l’ouvrage de quelque divinité, il se retira dans sa tente sans dire un seul mot, et s’y assit pour attendre l’issue du combat. Son armée ayant été entièrement rompue et mise en fuite, les ennemis vinrent attaquer les retranchements, et