Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/163

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consul, pour le féliciter et l’accompagner au sénat, Cicéron dit plaisamment « Hâtons-nous d’y aller, de peur qu’il ne sorte de charge avant qu’il ait pu recevoir notre compliment. »

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César se sentait né pour les grandes entreprises ; et loin que ses nombreux exploits lui fissent désirer la jouissance paisible du fruit de ses travaux, ils lui inspirèrent au contraire de plus vastes projets ; et flétrissant, pour ainsi dire, à ses yeux la gloire qu’il avait acquise, ils allumèrent en lui l’amour d’une gloire plus grande encore. Cette passion n’était qu’une sorte de jalousie contre lui-même, telle qu’il aurait pu l’avoir à l’égard d’un étranger ; qu’une rivalité de surpasser ses exploits précédents par ceux qu’il projetait pour l’avenir. Il avait formé le dessein de porter la guerre chez les Parthes, et il en faisait déjà les préparatifs. Il se proposait, après les avoir domptés, de traverser l’Hircanie, le long de la mer Caspienne et du mont Caucase ; de se jeter ensuite dans la Scythie, de soumettre tous les pays voisins de la Germanie, et la Germanie même ; et de revenir enfin en Italie par les Gaules, après avoir arrondi l’empire romain, qui aurait été ainsi de tous côtés borné par l’Océan. Pendant qu’il préparait cette expédition, il songeait à couper