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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/46

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dix talents. Dans cette occasion, un certain Antigènes, qui avait perdu un œil, se fit inscrire faussement sur la liste des débiteurs et présenta un homme qui disait lui avoir prêté de sa banque une certaine somme. Alexandre la paya ; mais la fourberie ayant été découverte, le roi, irrité de cette bassesse, chassa Antigènes de sa cour et lui ôta son emploi de capitaine. Antigènes était un des hommes de guerre les plus distingués : dans sa jeunesse, au siège de Périnthe par Philippe, il fut frappé à l’œil d’un trait de batterie, qu’il ne voulut jamais se laisser arracher ; et il ne cessa de combattre qu’après avoir chassé et repoussé le ennemis jusque dans leurs murailles. Il fut vivement affecté de cette ignominie et en conçut tant de chagrin et de désespoir qu’il paraissait résolu de se tuer ; Alexandre, qui le craignait, lui pardonna et lui laissa même l’argent qu’il avait reçu.

XCIII. Les trente milles enfants qu’il avait pris d’entre les Perses et qu’il avait laissés sous des maîtres chargés de les exercer et de les instruire, se trouvèrent à son retour forts et robustes, tous de bonne mine, singulièrement adroits et agiles dans tous les exercices. Alexandre