Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/47

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en fut ravi ; mais les Macédoniens, qui craignirent que son affection pour ces jeunes gens ne le rendît indifférent pour eux, tombèrent dans le découragement ; et lorsqu’il voulut renvoyer dans les pays maritimes ceux que leur faiblesse ou la perte de quelque membre mettait hors d’état de servir, ils se plaignirent que c’était de la part du roi une injure et une marque de son mépris. « Après nous avoir employés, disaient-ils, à tout ce qu’il a voulu, il nous renvoie maintenant d’une manière ignominieuse et nous rejette à notre patrie et à nos parents dans un état bien différent de celui où il nous a pris. Qu’il donne donc aussi à tous les autres leur congé, et qu’il regarde tous les Macédoniens comme inutiles à sa gloire, puisqu’il a auprès de lui ces jeunes et beaux danseurs, avec lesquels il ira conquérir la terre entière. » Alexandre, irrité de ces plaintes, leur fit les plus vifs reproches, les chassa de devant lui, donna aux Perses la garde de sa personne et prit parmi eux ses satellites et ses hérauts. Quand les Macédoniens le virent entouré de ces étrangers, tandis qu’ils étaient eux-mêmes rejetés et traités avec le dernier mépris, ils en furent humiliés, qu’après en avoir conféré ensemble, ils avouèrent entre eux que le dépit et la jalousie rendaient presque fous.