Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/179

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que la plus injuste monarchie ; et Statilius, qu'un homme sage et prudent ne s'exposait pas au danger pour des insensés et des méchants.

Labéon, présent à cet entretien, réfuta vivement ces deux philosophes ; mais Brutus n'insista pas davantage, comme si cette question lui eût paru difficile à décider. Le lendemain il alla chez Labéon, et lui fit part du projet, dans lequel Labéon entra avec ardeur. On fut d'avis de gagner un autre Brutus, surnommé Albinus : non qu'il fût homme actif et courageux ; mais il entretenait pour les spectacles publics un certain nombre de gladiateurs, ce qui lui donnait un certain pouvoir ; et d'ailleurs César avait confiance en lui. Lorsque Labéon et Cassius lui en parlèrent, il ne répondit rien : mais il alla trouver Brutus en particulier ; et ayant su de lui-même qu'il était le chef de la conspiration, il s'engagea volontiers à le seconder de tout son pouvoir. La réputation de Brutus en attira un grand nombre d'autres des plus considérables d'entre les Romains ; et tous, sans s'être liés par aucun serment, sans s'être donné mutuellement la foi au milieu des sacrifices, ils gardèrent si bien le secret, et l'ensevelirent dans un si profond silence en le renfermant dans les seuls conjurés, que malgré les avertissements