Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/180

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que les dieux en donnèrent par des prédictions, des prodiges et des signes des victimes, personne ne crut à ce projet.

13. Brutus, qui voyait les personnages de Rome les plus illustres par leur naissance, leur courage et leurs vertus, attacher leur fortune à la sienne, et qui considérait toute la grandeur du péril auquel ils s'exposaient, s'efforçait en public d'être maître de lui-même, et de ne rien laisser échapper au dehors qui pût trahir sa pensée : mais rentré dans sa maison, et surtout la nuit, il n'était plus le même ; l'inquiétude dont il était agité le réveillait en sursaut ; il s'enfonçait dans les réflexions qui lui faisaient sentir toutes les difficultés de son entreprise. Sa femme, qui était auprès de lui, s'aperçut bientôt qu'il éprouvait un trouble extraordinaire, et qu'il roulait dans son esprit quelque projet difficile dont il avait peine à trouver l'issue. Porcia, comme nous l'avons dit, était fille de Caton ; Brutus, dont elle était cousine, l'avait épousée jeune encore, quoiqu'elle fût déjà veuve de Bibulus, qui lui avait laissé un fils du même nom que son père, et dont on a encore un petit ouvrage intitulé Mémoires de Brutus. Porcia, qui avait fait son étude de la philosophie, et qui aimait tendrement son mari, joignait à une grande élévation d'esprit beaucoup