Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/210

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Il n'est pas juste, lui disaient-ils, que ce que tu as conservé de tes épargnes, ce que tu as levé sur les peuples en t'attirant leur haine, Brutus l'emploie à s'attacher le peuple et à faire des largesses aux soldats. » Cependant il lui donna le tiers de tout ce qu'il avait amassé ; après quoi ils se séparèrent pour aller, chacun de son côté, exécuter les entreprises dont ils s'étaient chargés. Cassius prit la ville de Rhodes, et n'usa pas avec douceur de sa victoire, quoique les habitants, lorsqu'il entra dans la ville, l'appelassent leur maître et leur roi. « Je ne suis, leur dit-il, ni maître ni roi ; je suis le meurtrier de celui qui voulait être notre maître et notre roi, et que j'ai puni de son ambition. » Brutus demanda aux Lyciens de l'argent et des hommes ; mais Naucratès, un de leurs orateurs, ayant persuadé les villes de se révolter et de s'emparer des hauteurs voisines pour fermer le passage aux Romains, Brutus envoya contre eux sa cavalerie, qui les surprit pendant leur dîner, et en passa six cents au fil de l'épée ; il se rendit ensuite maître de plusieurs forts et de plusieurs petites villes, et renvoya sans rançon tous les prisonniers, espérant gagner par là l'affection de ce peuple : mais c'étaient des gens opiniâtres, qui, aigris par le dégât qu'on faisait dans